Poppy Fusée, c’est la promesse d’un voyage dans l’espace ou au cœur de vous-même. Actuellement, en tournée dans tout la France, elle a récemment sorti un EP intitulé La lune. Ce vendredi 3 mars, elle se produisait A Thou Bout d’Chant, une petite salle très conviviale du premier arrondissement de Lyon. Ex-membre du groupe Part-Time Friends qui s’est lancée en solo, elle revient dans cet entretien sur son parcours.
Bonjour Poppy, comment tu vas ? Tu n’es pas trop stressée ?
Poppy : Je vais super bien et ça va je ne suis pas trop stressée.
Tant mieux. Tu as longtemps fais partie d’un groupe, est-ce que ce n’est pas un peu effrayant de se lancer toute seul ?
C’était effrayant, lorsque j’ai quitté mon groupe, je voulais arrêter la musique. Puisque je m’y suis mise avec eux, pour moi la fin du groupe signifiait la fin de la musique. Je n’aurais pas continué si je n’avais pas vraiment eu l’envie de faire des chansons. J’ai la chance d’avoir dans ma vie des femmes exceptionnelles qui font elles aussi de la musique seule, notamment November Ultra ma meilleure amie. La voir partir en solo m’a énormément inspirée. Ça m’a porté.
Sur scène est-ce que tu es toute seule aussi ou tu es parfois accompagnée ?
Maintenant je suis avec Guillaume, nous travaillons sur un projet qui s’appelle Alto. Puisque nous co-composons la plupart des morceaux en studio, j’aime partager la scène également. Mais j’ai un set où je suis toute seule.
Est ce que tu as une sorte de rituel pré-concert ?
Pas vraiment, je suis une personne assez désorganisée, j’ai du mal à faire deux fois la même chose. Chaque avant-concert est différent, parfois je préfère être seule, parfois j’ai besoin d’être entourée. La seule chose que je fais toujours c’est chauffer ma voix.
C’est amusant que tu aies pu tenir assidûment des carnets et que maintenant tu aies du mal avec la régularité.
C’est vrai que j’ai longtemps écrit dans des carnets qui ont malheureusement été emporté dans un dégât des eaux. Cet événement a totalement modifié mon rapport aux objets et aux rituels.
Il y a plein de manières d’exprimer ce que l’on ressent pourquoi le faire au travers de la musique et pas par d’autres biais ?
Ce n’est pas l’amour de la musique qui m’a poussée vers la chanson mais véritablement l’amour de l’écriture. J’adore le format court des chansons qui me permet de raconter des histoires en peu de temps et que peu de mots résument tout ce que je pense. Par exemple dans « Titanic », deux minutes cinquante et quelques couplets suffisent a raconter toute mon adolescence. A coté du chant, je suis aussi illustratrice, le dessin me permet d’exprimer des choses différentes.
Quel est ton processus créatif ? Comment est-ce que tu écris tes chansons ?
Je n’ai pas de méthode cependant je suis incapable d’écrire chez moi. Je me laisse distraire par la lessive que je dois faire, le chien que je dois sortir. Donc souvent je bloque un studio pour écrire, j’ai besoin d’avoir un cadre. Histoire de changer un peu j’ai loué une maison au Havre pour créer une sorte de studio itinérant. En ce moment j’écris mon album et j’aime l’idée qu’il soit enregistré en partie chez moi en Normandie, en partie chez Guillaume à Bruxelles, un peu où on en a envie. Autrement, le plus dur pour moi est de trouver la première phrase, car chaque début est un résumé du reste de la chanson. Une fois que je l’ai trouvé, le reste coule de source. Ensuite on construit la musique autour de mon propos, pas l’inverse, un peu comme un puzzle.
Est-ce qu’il y a un lieu qui t’inspires plus qu’un autre ?
Mon premier EP je l’ai écrit à Bruxelles à l’exception de « Pesanteur » qui est plus ancienne. Étrangement ce n’est pas une ville que j’aime particulièrement, je ne me verrais pas y habiter. Par contre, j’y écris de super chansons. Ayant des origines Corse, j’ai beaucoup séjourné chez ma mère et j’ai écrit presque l’intégralité des albums de mon ancien groupe Part-Time Friends.
Est-ce que tu parles Corse ?
Non pas du tout. Par contre je parle anglais couramment.
Dans ton EP Pesanteur est en anglais. Est-ce que ce n’est pas difficile de trouver les mots justes dans une autre langue ?
Pour ma part j’ai eu le problème inverse, avec mon groupe nous chantions presque exclusivement en anglais, c’est une langue qui m’est venue très naturellement. J’ai l’impression que lorsque j’écris en français, c’est avec mon cerveau qui parle, alors que lorsque j’écris en anglais, c’est mon âme. En anglais je suis plus limitée. Quand je veux décrire une émotion, un seul mot me vient alors qu’en français je me pose plus la question de la nuance. Et puis j’ai beaucoup été influencée par la musique qu’écoutait mon père, un peu british américain.
Quel est le premier et le dernier disque que tu t’aies offert ?
Pour le premier, j’hésite entre le single de « Baby One More Time » de Britney Spears ou l’album d’Alliage, un boys band des années 2000. Les derniers vinyles que j’ai acheté sont ceux de Yoa, qui est l’une de mes artistes préférées mais aussi le dernier Barbara Pravi et la réédition de Pomme.
Tu joues d’un instrument un petit peu spécial, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Oui, c’est un omnichord. Il a été inventé dans les années 80, c’est un mélange entre une harpe et un synthétiseur. C’est amusant, je suis allée au concert de Pomme qui elle joue de l’autoharpe et elle disait que jouer de cet instrument lui donnait l’impression de se laver de ses péchés. Et j’ai eu le même sentiment en jouant de l’omnichord pour la première fois. Je me suis dit « mais d’où vient ce son, il ne peut pas venir de la planète Terre ? ».
Ton EP s’appelle La Lune, pourquoi avoir choisit cette planète et pas une autre ?
C’était une évidence. Pour le coté un peu plus ésotérique, je suis tarologue et l’an passé ma carte de l’année était celle de la lune dans le tarot, plus tard j’ai redécouvert une chanson que j’avais écrite nommé « La lune ». Alors je me suis dit que sortie un EP intitulé La lune lors de mon année lune tombait sous le sens.
Si cette interview vous a intrigué, vous pourrez retrouver Poppy très prochainement le 2 avril à Vannes, pour un embarquement express direction le cosmos.
VALENTINE MABASSA GUIBERT