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Le Monde après nous,
de Louda Ben Salah-Cazanas
Louda Ben Salah-Cazanas signe un premier long métrage qui traite d’un sujet rarement évoqué au cinéma : la difficulté à trouver sa place dans ce monde quand on est un transfuge de classe et qu’on oscille constamment entre deux milieux sociaux opposés. Ce film, en écho avec des œuvres littéraires telles que La honte d’Annie Ernaux, Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu ou encore Retour à Reims de Didier Eribon, dépeint une dure réalité, celle de la précarité, de la fragilité sociale, de ce sentiment d’appartenance qu’on ne trouve nulle part quand on est un transclasse.

Dans Le Monde après nous, on suit l’histoire de Labidi, écrivain en devenir qui navigue entre Lyon où ses parents tiennent une brasserie et Paris, où il partage une chambre de bonne avec un ami. Idéaliste, déboussolé, désargenté, il multiplie les combines pour survivre, jonglant entre l’écriture de son premier roman et son métier de coursier Deliveroo. Le protagoniste fait preuve d’une résilience sans failles face à l’adversité. Il ne se laisse jamais abattre par les nombreux obstacles qui s’érigent devant lui.
Sa vie bascule lorsqu’il tombe éperdument amoureux d’Elisa, une jeune étudiante lyonnaise, interprétée splendidement par Louise Chevillotte, qui apporte une fraîcheur au film, tant elle est rayonnante. En revanche, son personnage n’évolue que très peu et on ne la voit que dans son rôle d’amoureuse et c’est bien dommage…
Très attachant, pince-sans-rire, l’acteur Aurélien Gabrielli joue à merveille un Labidi paumé et fou amoureux. Car, ne l’oublions pas, cette comédie dramatique est avant tout une histoire d’amour. On y voit le couple dans ce qu’il a de plus vrai, dans les moments de tendresse mais aussi dans le doute et la misère, nous rappelant qu’à deux, c’est moins dur. Ce drame social brosse le portrait d’une génération en déséquilibre et en quête de sens. Ce qui est extraordinaire dans Le monde après nous est qu’il montre la précarité et la misère, tout en conservant une certaine légèreté de ton grâce à l’humour, parce que, quand tout va mal, il vaut mieux en rire qu’en pleurer.
Le film se termine par un plan séquence où résonnent les premières notes de piano de la chanson « Un homme heureux », accompagné de la voix douce de William Sheller, qui nous fait songer à ce qu’il reste de notre monde, après eux.
Avec Aurélien Gabrielli, Louise Chevillotte, Saadia Bentaïeb… (1h25). En salles depuis le 20 avril.
INES BELLAHCÈNE
On se retrouve dans deux semaines pour de nouveaux conseils ciné 😉