« Uncharted » et les limites de l’adaptation filmique d’un jeu vidéo

Alors qu’Uncharted, le film d’aventure de Ruben Fleischer porté par Tom Holland est en passe de devenir un des plus gros succès du semestre au box office français, retour sur un phénomène en vogue : l’adaptation filmique de jeux vidéo.

Ironique, dirons nous, de voir portée à l’écran la saga de jeux vidéos Uncharted, alors qu’elle puise justement toute son inspiration du spectaculaire hollywoodien et des scènes de courses-poursuites qu’ont pu nous donner tant de grands monuments du cinéma d’action.

Uncharted, de Ruben Fleischer (2022)

Pourtant, le projet ne date pas d’hier, et même si jusqu’à peu, les pontes du divertissement massif restaient frileux vis à vis des adaptations de jeux vidéos, il faut bien se rendre à l’évidence que la valve de pression semble se relâcher doucement, déversant dans nos salles obscures certains projets enfin officialisés, à l’image d’une adaptation de Bioshock chez Netflix mais aussi du jeu Five Night’s At Freddy avec Nicolas Cage en acteur principal, ou encore d’un film d’animation Mario pour 2023 !

Pourtant, toujours est-il qu’à raison de deux à trois adaptations par an depuis 1993, le secteur des adaptations jeux vidéos reste encore loin d’être la référence dans le box office, alternant entre des fulgurances artistiques comme le Silent Hill de Christophe Gans ou de simples produits de consommation condamnés à l’oubli tel le récent Monster Hunter de Paul W.S Anderson. On dépasse donc ici le stade de la frilosité à adapter le media, pour lorgner vers un cruel manque d’originalité et de prise de risque.

Monster Hunter, de Paul W.S. Anderson (2021)

Face au sacro-saint PEGI 13, les rares adaptations à avoir pu marqué le box office font office de garçons sages, tels Détective Pikachu et Sonic le film, tous deux des films mélangeant prises de vues réelles et CGI et étant exclusivement familial dans leur traitement.

Dans le cas de Uncharted, l’adaptation, sans même chercher à comparer avec le jeu vidéo, s’alourdit d’une réalisation fade et sans fulgurances, à la manière d’un film d’action-aventure moderne. Plans filmés par drones, musiques pop et placement de produits gangrènent l’œuvre de part en part, et n’est pas aidée par une CGI aux rabais et un duo d’acteurs peu convaincant.

Sonic le film, Jeff Fowler (2020)

Pour autant, Uncharted garde quelques scènes agréables, à l’action bien exploitée à la manière d’une scène finale too much comme on aimerait en voir plus. Son rôle de divertissement accompli, Uncharted cherche avant tout à servir de porte d’entrée à un univers dont les jonctions avec le cinéma peinent à se faire depuis des décennies. Il devient alors une bonne raison de se lancer dans les jeux vidéos éponyme, pour y découvrir et y approfondir tout ce que le film traite en surface.

MORGAN CHARLES