Désormais, chaque mois, on te proposera une sélection de récents ouvrages concoctée par nos rédacteurs et rédactrices.
Le Siècle des Couronnes, de Xochitl Borel & Thierry Droz

Les situations sanitaires actuelle et passée ont laissé une empreinte permanente dans notre quotidien, ainsi que dans notre imaginaire collectif, et à la manière du conte illustré Le Siècle des Couronnes, l’autrice Xochitl Borel propose sa vision de cette période complexe.
L’histoire, absurde de bout en bout et illustrée par le trait « croquis » de Thierry Droz, cherche à développer le quotidien d’un homme jour après jour, à mesure que confinements, port du masque et distanciation sociale parsèment son existence. Avec une poésie certaine, l’autrice en profite pour mettre le doigt sur les tares sociales que le COVID aura le plus souvent contribué à alimenter.
Le livre, disponible aux éditions Dashbook, est encore au statut de financement, et mérite honnêtement d’être soutenu de par l’efficacité du propos tenu. Le lien est disponible ici.
MORGAN CHARLES
Dieu était en vacances, de Julia Wallach et Pauline Guéna
« Dans mon convoi il y avait une femme qui était enceinte, et puis naturellement, le bébé il est arrivé, il est né, et le SS est arrivé, il a pris le bébé, il l’a jeté en l’air et a fait un tir au pigeon. »
C’est à la suite d’une vidéo touchante de la chaîne Buzzly sur Facebook, que j’ai acheté le livre Dieu était en vacances, un témoignage poignant de Julia Wallach.

C’est le récit touchant d’une femme qui a vécu les camps de concentration lors de la Seconde Guerre mondiale ; elle avait à peine 18 ans lorsqu’elle s’est fait embarquer par les nazis. Elle nous raconte tout au long de son livre son histoire. Elle nous délivre, à nous, lecteurs, son enfance heureuse aux côtés de parents aimants, sa déportation, son enfer dans les camps, mais aussi le retour de la guerre lorsqu’elle est rentrée chez elle, seule. Au fond, elle a traversé la mort de ses parents, de ses camarades, elle a surmonté le typhus et au milieu de tous ces malheurs elle a eu la chance ou le courage de tomber sur des personnes à qui elle tenait tête, elle refusait d’aller à l’infirmerie ou de se reposer, car elle savait qu’elle mourrait. Elle s’est toujours relevée et s’est battue pour vivre. Il est possible que ce soit grâce à ces mots que son père lui a dits à leur arrivée au camp « Je ne survivrais pas à ta mère. Mais toi, tu es jeune. Vis, rentre à la maison, et raconte ce qu’on nous a fait. » Et c’est exactement ce qu’elle a fait, quand elle est rentrée, elle a parlé, même si personne ne la croyait. Elle continue pourtant de raconter son histoire dans les écoles, car témoigner est la meilleure façon de ne pas oublier ce qui s’est passé. A travers son livre nous arrivons à apprendre de nouvelles choses, des choses que l’on n’apprend pas dans les manuels scolaires, cette violence racontée directement par une rescapée. Le côté autobiographique – avec l’aide d’une romancière, essayiste et scénariste, Pauline Guéna, qui a mis en forme les mots de Julia Wallach – est extrêmement prenant. Je ne vous garantis pas que pendant votre lecture les larmes ne perlent pas sur vos joues.
Il est important de lire ce livre pour comprendre ce qu’ils ont subi. Malgré ce qu’elle a vécu, elle a décidé avec son mari de vivre heureuse, elle a continué de vivre pour la famille qu’elle a construite, elle a décidé de vivre sans oublier, mais sans pour autant y penser chaque minute. Elle a décidé de vivre pour nous témoigner son histoire, remplie d’anecdotes plus ou moins pertinentes, mais qui lui ont permis de survivre à deux ans de camps.
Je vous conseille vivement cette lecture qui vaut vraiment le détour.
CALYPSO LEJEUNE–BARRENA
Rendez-vous en avril pour une nouvelle sélection littéraire !