Une librairie à soi.e : portrait d’une libraire engagée pour la cause féministe

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’Envolée Culturelle te fait découvrir une librairie féministe située au cœur du premier arrondissement de Lyon : Une librairie à soi.e. Nous avons rencontré Rosa Tariverdova, la libraire à l’origine de ce lieu culturel inclusif ouvert à toutes et à tous.

Comment êtes vous devenue libraire ?

J’ai travaillé dans une société de voyages d’affaires pendant 18 ans et en raison de la pandémie, la société a été contrainte de mettre en place un plan social. A cette occasion, j’ai fait un bilan de compétences et le métier de libraire m’a paru être la plus belle voie à prendre.

Que signifie le nom de votre librairie ?

Photo : Inès Bellahcene

Alors, La librairie à soi.e renvoie au célèbre essai de Virginia Woolf, Une chambre à soi. Le point médiant suivi de la lettre « e » dans « soi.e » est une référence à la grammaire inclusive. Et enfin, la soie est un petit clin d’œil à la ville de Lyon, connue pour l’apogée de l’industrie de la soie avec les canuts, il y a quelques siècles.

Qu’est-ce qui vous a mené à la littérature ?

J’ai toujours été une grande lectrice. Ma mère était bouquiniste puis bibliothécaire, j’ai donc baigné dans l’univers de la littérature depuis mon plus jeune âge.

D’où vous est venue l’idée d’une librairie féministe ?

Cela fait plus de cinq ans que l’engagement féministe m’anime. Je me suis beaucoup engagée aux côtés du collectif NousToutes, en allant notamment sur le terrain, en participant aux actions, aux manifestations… J’ai aussi participé à la création de leur newsletter.

Et puis, forcément comme je me suis intéressée au féminisme, j’ai très vite commencé à lire des essais féministes, à écouter des podcasts… J’ai fini par devenir incollable sur la littérature féministe… et c’est là que l’idée d’ouvrir une librairie féministe s’est imposée comme une évidence.

En parlant de littérature féministe, quelles sont les autrices qui vous ont le plus marquée ?

Ah, il y en a tellement… c’est une question très compliquée pour moi (Rires).

Photo : Inès Bellahcene

La première écrivaine qui me vient à l’esprit, c’est Titou Lecoq avec son essai Libérée, qui n’a pas manqué d’éveiller ma conscience féministe. J’ai beaucoup aimé son écriture très légère, drôle et agréable à lire. Je me suis beaucoup retrouvée dans ce livre. Je vous avoue qu’avant le mouvement #MeToo, je ne me posais pas beaucoup de questions concernant la condition féminine… Et j’ai pris conscience d’un tas de choses grâce à la lecture.

La romancière féministe qui m’a le plus marquée, c’est Virginia Woolf… C’est une féministe d’avant-garde et il y a cette citation d’elle qui pour moi, représente le symbole de l’émancipation des femmes : « Il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une œuvre de fiction ».

Qu’est ce qui vous plaît le plus dans votre métier de libraire ?

C’est vraiment le contact avec les clients qui fait tout le charme de ce métier. J’adore les conseiller, leur recommander certains ouvrages, discuter de livres… C’est dans le partage que je trouve mon bonheur.

Qu’est ce que vous pourriez conseiller à une personne qui n’a jamais lu de littérature féministe mais qui voudrait découvrir le féminisme ?

Je pense que la bonne porte d’entrée pour tout le monde, c’est King Kong Théorie de Virginie Despentes. Bien que son style soit un peu trop direct, voire trash et cru, Virginie Despentes dresse un état des lieux de la condition des femmes dans le monde. Ça se lit très vite et c’est assez complet comme essai, je trouve.

En rentrant dans la librairie, j’ai remarqué quelques affiches d’évènements qui sont organisés dans la librairie : est-ce que vous pourriez nous en dire plus ?

On a beaucoup de rencontres-dédicaces avec des autrices, des ateliers d’écriture et les rencontres d’un club de lecture qui sont organisés chaque mois.

Librairie à soi.e
contact@librairieasoie.com
04.78.29.01.34
16 rue Pizay 69001 Lyon
Du mardi au samedi : 10h00 à 19h00

Propos recueillis par INÈS BELLAHCENE