Nous nous sommes de plus en plus habitué.e.s à rester chez nous, à être un peu plus confiné.e.s, ou juste à avoir moins l’envie de sortir le bout de son nez et préférer se mettre sous un plaid au chaud avec l’arrivée de l’hiver. Cela nous a donc permis de prendre ce temps pour lire, pour découvrir des pépites littéraires ou même juste redécouvrir certaines adaptations. Nous vous laissons donc avec notre TOP 5 des livres qui nous ont marqué.e.s durant cette année 2020 ! (Bannière : Eloïse Martin @eloishh.m)

Le choix de Lucile : Sacrées Sorcières, Pénélope Bagieu (BD), Editions Gallimard BD.
Comment ne pas tomber sous le charme de l’univers de Pénélope Bagieu et encore plus quand elle revisite et adapte la fameuse histoire de Roald Dahl ? Un pari risqué mais complètement accompli avec une BD qui peut autant plaire aux enfants qu’aux plus grand.e.s ! Sacrées Sorcières est une belle manière de découvrir, ou même de redécouvrir, ce grand classique.
C’est aussi le choix de Kaia : Elle se gratte la tête, porte des gants en toute saison et surtout elle boite. Pas de doute possible, votre belle-mère est une sorcière ! Merci Pénélope Bagieu pour cette adaptation de Sacrées Sorcières de Roald Dahl, qui par ses dessins révélateurs, m’ont permis de découvrir la véritable identité de cette femme. Bon, je n’ai pas de belle-mère, mais je sais comment reconnaître et me débarrasser d’une sorcière grâce au héros de la bande dessinée et sa grand-mère, de quoi placer le livre dans mon Top 5 de cette année !
Le choix d’Ambre : Conversation With Friends, Sally Rooney (Roman), Editions Faber & Faber.
La jeune autrice irlandaise Sally Rooney, qui a vu son deuxième roman Normal People être adapté en une excellente série BBC, fascine par sa capacité à raconter la jeunesse moderne et la pluralité de leurs relations. Son premier roman, Conversation with friends (Conversation entre amis en français), nous entraîne dans l’esprit génial et tourmenté de Frances, étudiante en littérature au Trinity College de Dublin. Avec son ex petite-amie, l’excentrique Bobbi, elles ont pour habitude de performer des poèmes sur scène, ce qui les amènent à passer du temps avec Mélissa, journaliste et son mari Nick. Commence alors un jeu de séduction multiple entre mensonges et revendication d’une liberté qui est parfois difficile à assumer. Derrière un ton sarcastique qui donne lieu à des répliques mémorables, on sent toute la fragilité d’une jeune femme dont les considérations sont si proches des nôtres qu’on croirait écouter une amie parler.

Le choix de Kaia : Peau d’homme, Hubert et Zanzim (BD), Editions Glénat.
Cette bande dessinée au parfum historique et surtout parlant de la condition des femmes possède aisément toutes les qualités nécessaires pour se placer dans mon Top 5 sans se poser de questions. L’intrigue est simple (quoique originale) : la famille de Bianca possède une « peau d’homme » qui se transmet de femme en femme. En la revêtant, elles entrent littéralement dans la peau d’un homme et goûtent à la liberté qu’offre le privilège de la masculinité. L’histoire prend une tournure marivaudienne puisque Bianca va se servir de cette peau pour espionner son futur mari, Giovanni. Que va-t’il se passer ? Lisez la bande dessinée d’Hubert au scénario et Zanzim au dessin pour le découvrir (j’instaure ce petit suspense pour que vous courriez tous.tes à la librairie). Quoique se passant à la Renaissance, Peau d’homme (comme tous les chefs-d’œuvre) vous semblera actuelle dans ses thématiques et ses questionnements sur la sexualité, la femme, l’amour mais aussi l’extrémisme religieux. C’est la dernière œuvre du décédé Hubert, ce qui la rend d’autant plus précieuse.
Le choix de Marie : La petite dernière, Fatima Daas (Roman), Editions Noir sur Blanc.
La petite dernière est le premier roman de Fatima Daas paru en août cette année. Si le roman a été largement remarqué à sa sortie, c’est notamment « à cause » d’une affirmation de son autrice qui considère le lesbianisme comme un pêché, en tant que femme musulmane pratiquante. Cette affirmation pose question, et elle est nettement contestable, mais il est aussi possible de se pencher sur les mots que Fatima Daas pose avec justesse dans son roman, et non uniquement sur ceux qu’elle balbutie dans l’exercice difficile de l’interview. Et justement, ses mots d’écrivaine sont percutants et dépouillés de tout artifice. On comprend alors mieux la tension de ce personnage, coincé entre deux identités inconciliables. Ou plutôt, inconciliables jusqu’à ce que l’écriture ne vienne proposer une issue. Elle qui se revendique de l’écriture de Duras, elle en a parfois la plume. Plutôt unique en son genre, ce premier roman est une réussite.
Le choix de Pierre : Sengo, Sansuke Yamada (Manga), Editions Kadokawa.
En 1946, dans un Tokyo d’après-guerre dévasté, le soldat démobilisé Kuroda retrouve Kawashima, son ancien sergent, complètement ivre, errant parmi les ruines de la ville. Bien décidé à donner du sens à ces retrouvailles, Kuroda se donne pour mission de réapprendre à vivre dans ce Japon défait et d’emporter dans son sillage celui qu’il considère maintenant comme un ami. Sengo est un manga qui traite avec subtilité de ce qu’a pu être cette période difficile d’après-guerre dans un Japon occupé par l’armée américaine. L’auteur livre une histoire souvent drôle malgré la dureté de son sujet et parvient à nous toucher par son sens du détail et la manière qu’il a de mettre en scène une multitude de petits moments de vie. C’est ce qui, selon moi, en fait une des meilleures séries manga de l’année.
BONUS (parce qu’on ne sait pas choisir)
Le choix de Simon : Après le monde, Antoinette Rychner (Roman), Editions Buchet Castel.
Le roman d’anticipation contemporain et féministe par excellence. L’intrigue se déroule en 2022, un cyclone ravage la côte ouest des États-Unis et le monde change complètement. Huit ans plus tard, deux femmes, Barbara et Christelle, écrivent des chants sur ce qu’était le monde d’avant et comment il a évolué. Pour moi, cet ouvrage a toute sa place dans le TOP 5 car il ne rappelle que trop bien la crise que nous vivons actuellement, même s’il a été écrit avant.