Ce soir, on s’évade, on fait le mur, on file en douce… Le signal ? Ouvrir la fenêtre à 21h05 sur 6ter (chaine 22 ou en direct sur le site 6play). Le plan d’évasion ? La vie rêvée de Walter Mitty de Ben Stiller. L’histoire d’un homme qui rêve sa vie au lieu de la vivre jusqu’au jour où il se trouve forcé de sauter dans l’inconnu. La vie grise reprend des couleurs et le rêve devient une aventure insolite et joyeuse. L’issue ? Un avant-goût de la liberté. (Bannière : La vie rêvée de Walter Mitty © 20th Century Fox)
Article à lire accompagné par David Bowie et Space Oddity.
« Fais de ta vie un rêve…
Walter Mitty : célibataire, neutre, banal, presque transparent dans un univers gris et ordonné. Il travaille au service des négatifs photo dans le sous-sol du magazine Life. Un espace qui lui ressemble : un cercueil qui ne dit pas son nom. Opprimé par un patron méprisant et surfait, ignoré par Cheryl la collègue qui lui plaît, coincé entre sa soeur et sa mère, Walter Mitty semble résigné. Pourtant, il a un truc, son petit truc pour s’échapper : il déconnecte. Il entretient des rêves éveillés pour peupler son quotidien de romances, d’aventures, de surprises. Il s’imagine audacieux et sûr de lui dans un monde haut en couleurs. Les redescentes n’en sont que plus douloureuses. Cependant, cette partie immergée de lui-même qui tente de percer le quotidien va prendre le dessus. Alors que le magazine se numérise et prépare son dernier numéro papier, Walter Mitty se rend compte que le négatif de cette ultime couverture a disparu. Il va devoir quitter son quotidien pour se mettre en quête du négatif perdu. Tout bascule. Et nous aussi, on bascule. Alors que l’esthétique symétrique, transparente et froide nous contenait dans les bureaux du magazine, nous rejoignons la vie rêvée, celle qui est pleine de couleurs et de dissonances.

… et d’un rêve, une réalité. » – Antoine de Saint-Exupéry
Et nous voilà embarqué.e.s dans les péripéties improbables de cet anti-héros. Nous suivons avec enthousiasme son itinéraire des sous-sols de son bureau aux sommets de l’Himalaya, en passant par les volcans islandais, les montagnes afghanes, et même les méandres d’une application de rencontres. Au fur et à mesure de cette épopée, Walter Mitty se découvre courageux, amical, inventif, engagé. La quête du négatif devient quête de lui-même. Dans le bain de l’aventure, son propre négatif apparaît aux yeux de tous et se révèle inattendu. Et peu à peu le rêve infuse la réalité, à tel point que nous ne savons plus où nous en sommes. Le film reprend la structure d’une odyssée qui, à travers aventures et épreuves, met au jour le vrai visage du héros. Ce voyage initiatique nous fait parcourir des paysages à couper le souffle, nous émeut et nous fait rire, nous donne à penser : nous divertit pleinement de notre vie confinée. Le tout accompagnée d’une BO comme on les aime.

« Il faut savoir se prêter au rêve quand le rêve se prête à nous. » – Albert Camus
Se jeter à l’eau, sauter dans l’inconnu, vivre des aventures au grand air, voyager et s’émerveiller, se méfier des apparences, rêver et vivre – c’est ce que réveille en nous ce film à l’alchimie parfaite. Il nous dit encore et toujours que tout est possible, que la force du rêve peut animer notre réalité et lui donner une saveur indescriptible et une valeur inestimable. Alors qu’il nous faut vivre enfermé.e.s, loin des lieux de culture, de rêves et de rencontres, le film de Ben Stiller ouvre à l’écran une fenêtre par laquelle s’évader. Tant que nos corps sont assignés à résidence et que le dehors nous est inaccessible, Walter Mitty nous rappelle que nous avons aussi un en-dedans riche et créatif, puissant et vivant. Rêvons, et peut-être qu’au bout du compte, on finira par forcer la réalité à reprendre des couleurs.
La vie rêvée de Walter Mitty, un film de Ben Stiller (2013), à voir ce soir sur 6ter ou en direct sur 6play.
Article rédigé par Elisabeth Coumel.