Le Festival Interférences s’adapte

Il devait se tenir du 4 au 14 novembre, dans plusieurs lieux culturels de la métropole lyonnaise. Mais parce qu’il ne faut pas se laisser abattre, l’association Scènes Publiques, organisatrice du Festival Interférences, propose jusqu’au 12 novembre de visionner en ligne les documentaires en compétition et de voter pour décerner le prix du public. (Bannière :  © Festival Interférences – Scènes Publiques)

© Edito de la brochure du Festival – Scènes Publiques

S’adapter

La capacité d’adaptation. Voilà peut-être la plus grande leçon qui nous est donnée à apprendre de la situation sanitaire. S’adapter à l’imprévu. S’adapter à l’inconnu. S’adapter au jour le jour. Et surtout, s’adapter aux mesures gouvernementales. S’adapter, et modifier les paramètres. La 5ème édition du Festival Interférences (petit frère de l’ancien festival « À nous de voir » qui se tenait à Oullins depuis 1986), aura bien lieu, oui, mais à quelques différences près.

En effet, quelques jours avant le début du festival, l’association Scènes Publiques a vu partir doucement en fumée la possibilité de diffuser sa programmation dans les lieux initialement partenaires de l’événement. Cinémas, bien sûr (Le Zola et le Mourguet notamment), mais aussi bibliothèques, MJC, universités, et autres lieux culturels tels que le Rize à Villeurbanne ou la Villa Gillet. Car le cinéma et la culture font désormais partie des lieux « non-essentiels », l’équipe du festival a du s’adapter… et modifier ses paramètres. 

« C’est sûr, c’est frustrant car c’est une organisation de dingue ! Et on ne sait même pas si on pourra le reporter ultérieurement, car le festival se déroule dans plusieurs lieux, avec des règles sanitaires différentes pour chaque lieu, c’est un casse-tête… Et proposer une alternative en quelques jours et avec si peu de moyens, c’est compliqué. On a fait le minimum vital (rires) ! Bien sur on se doutait qu’il n’y allait pas avoir 500 personnes qui allaient participer et visionner les films en ligne. Mais on n’a jamais rien à perdre, on ne va retirer que le positif ! », nous confie au téléphone Pascale Dufraisse, photographe, programmatrice et co-organisatrice du Festival. 

© Festival Interférences – Scènes Publiques

Le festival… en ligne

« Le minimum vital », c’est tout de même offrir aux curieux.ses la possibilité de visionner les 6 films sélectionnés en compétition (parmi les 652 documentaires reçus cette année suite à l’appel à films), et de voter pour son film préféré, afin de décerner le prix du Public. Pendant ce temps, les autres juré.e.s (jury pro, jury étudiant et comité scientifique) se sont réunis – virtuellement – en interne afin de débattre et décerner les autres prix. « Le minimum vital » donc, pour un festival dont l’objectif principal n’est pas seulement de diffuser des documentaires de création, mais aussi, et c’est là toute sa spécificité, d’organiser des débats publics à chaque projection. Car le festival Interférences, c’est avant tout un échange entre cinéphiles et non-cinéphiles, entre chercheur.se.s et non-chercheur.se.s : c’est un échange entre citoyen.ne.s autour des questions de sociétés et de sciences amenées par les films. Un échange rendu compliqué, voire impossible cette année… Mais si le débat public, si important dans la ligne éditoriale du festival, ne peut malheureusement pas se tenir, il nous reste tout de même… le cinéma.

Le cinéma malgré tout

Car le cinéma, et Interférences permet précisément de le montrer à travers la forme documentaire, permet — même depuis chez nous — de remettre en perspective un point de vue, de redéfinir les paradigmes de notre « être au monde ». Il est plus qu’essentiel aujourd’hui, lorsque tout semble s’écrouler autour de nous, de se plonger dans le cinéma pour ouvrir son horizon, de se laisser porter par l’inattendu. « Pour moi, le cinéma documentaire, c’est comme le jazz, il y a des codes, mais aussi une grande liberté. Ce qui le rend fascinant, c’est l’intrusion du réel dans ce que l’on filme,  c’est l’inattendu. Une salle de cinéma, c’est une salle d’attente. C’est un moment où l’on attend qu’il se passe quelque chose, on attend d’être surpris par des objets rares ou inhabituels, par un geste cinéma que l’on ne connait pas. », affirme Pascale Dufraisse. C’est d’ailleurs selon ces mêmes principes que se fait la sélection des films de la programmation : des objets  documentaires étonnants, intéressants, aux sujets et aux formes variées, qui témoignent de la richesse des points de vue sur le monde. Et Pascale Dufraisse renchérit : « C’est formidable de voir à quel point il y a pleins de jolis cerveaux qui nous montrent pleins de choses différentes ! »

© Les films en compétition – Festival Interférences

Les films en compétition : 

  • Tilo Koto (Sophie Bachelier, Valérie Malek, 2019, 67min)

« Pour le casamançais Yancoubabadji, le rêve de l’Europe s’arrête brutalement dans le Sud tunisien après avoir tenté quatre fois la traversée de la Méditerranée depuis les côtes libyennes. Un an et demi « d’aventure » sur les routes clandestines où il faillit maintes fois perdre la vie. Tilo koto, c’est l’histoire d’un homme brûlé par un enfer qu’il sublimera par la peinture et l’engagement militant. »

  • Il n’y aura plus de nuit (Éléonore Weber, 2020, 75min)

« La scène se déroule en pleine campagne ou dans un paysage montagneux. On aperçoit de fines silhouettes qui parfois se mettent à fuir… Ces images proviennent d’hélicoptères ou de drones, d’Afghanistan, d’Irak ou du Pakistan, détournées du discours de propagande dans lequel elles sont généralement prises. Jusqu’où peut mener le désir de voir, lorsqu’il s’exerce sans limites ? »

  • Hors Champ (Julie Marboeuf, 2019, 6min)

« Un été quelque part en Normandie, une station balnéaire populaire, ses plages, son phare, son port, sa fête foraine, son Ferry. De jeunes hommes, à la peau sombre, venus de loin, rêvent de côtes anglaises. Le ballet des auto-tamponneuses côtoie le ballet des camions avalés par le Ferry. Chaque jour un étrange rodéo se joue entre les camions, les migrants et les policiers sous l’œil des estivants qui rentrent de la plage et s’offrent une glace. Une fille sur son vélo observe. »

  • Watching the pain of others (Chloé Galibert-Laîné, 2019, 31min) 

« Dans ce documentaire très personnel, une jeune chercheuse s’efforce de comprendre sa fascination pour le film The Pain of Others de Penny Lane. Une plongée dans le monde dérangeant de YouTube et des théories du complot en ligne, qui invite à repenser ce que le cinéma documentaire peut (ou ne peut pas) être. » —> LE COUP DE COEUR DE L’ENVOLÉE CULTURELLE !

  • Une nouvelle ère (Boris Svartzman, 2019, 72min)

« En Chine, les terres agricoles sont détenues collectivement. Depuis trois décennies, des expropriations massives pour urbaniser ces territoires « transforment » chaque année environ 5 millions de paysans en nouveaux citadins. En forçant les ruraux à devenir des urbains, le gouvernement démantèle les dernières organisations collectives et (quasi-)démocratiques à la base de la société. Certains luttent… » 

  • Stigmates de la terre (Macha Ovtchinnikova, 2020, 11min)

« À partir d’une photo perdue qui a accompagné son enfance, la réalisatrice part sur les traces de son arrière-grande-tante. C’est sa mère qui raconte cette histoire, sa mort tragique à Kiev, en 1941, lors d’un épisode dramatique de l’histoire de la Shoah. »

  • Congo calling (Stephan Hilpert,2019, 90min)

« Dans l’est du Congo, trois Européens expatriés sont obligés de remettre en question ce que signifie aider : gérer les tensions et les tentations créées par l’afflux de fonds pour mener des projets, lutter pour préserver son identité de travailleur humanitaire, et aussi s’aimer. Trois perspectives profondément personnelles sur la coexistence et la coopération entre l’Europe et l’Afrique – et la question : dans quelle mesure l’aide au développement est-elle utile ? »

La bande-annonce du Festival :

Vous avez jusqu’au jeudi 12 novembre pour visionner les films et voter pour votre préféré ! Pour bénéficier de l’accès à la plateforme, il suffit d’envoyer un mail à competition.interferences@gmail.com ! 

Et pour soutenir le Festival, c’est juste ici.

Article rédigé par Manon Ruffel.

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