Une nouvelle fois, pour une seconde année consécutive, l’Envolée Culturelle s’est rendue ce week-end au Comoedia à l’occasion du festival de l’Acid (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) Cannes Hors les Murs. Ce week-end dernier, nous avons eu la chance d’assister à deux avant-premières sur les neuf long-métrages sélectionnés par le Festival de Cannes. (bannière : © Acid)
C’est donc une nouvelle année, une nouvelle édition, pour l’Acid Cannes avec une sélection de neuf films indépendants dont cinq long-métrages de réalisatrices. Il est important de soutenir ce festival pour la découverte de ces réalisateurs.trices émergent.e.s, pour parler de leurs œuvres, de les diffuser et surtout de les aider à trouver des distributeurs pour qu’un jour ces long-métrages apparaissent à l’écran, dans toutes nos salles de cinéma (pour savoir ce qu’est l’Acid, c’est juste ici). En effet, on aime l’Acid pour son indépendance, pour son engagement à la création, son humanisme et surtout ses belles découvertes. En un week-end, nous voyageons. Nous voyageons à travers différentes thématiques, différentes esthétiques, différents visuels et tout cela nous emporte un peu plus à chaque fois.
La bande annonce de cette saison juste ici

Cour d’eau qui se jette dans un autre
« Cour d’eau qui se jette dans un autre », la définition même du film de Jessé Miceli : Les Affluents. Devant l’écran, nous partons pour un voyage au Cambodge à travers trois personnages, trois hommes d’âges différents essayant chacun de leur côté de réussir dans une société qui ne cesse d’évoluer démographiquement tout en creusant davantage des inégalités sociales. En effet, ces trois personnages ont des vies et parcours bien différents, des situations familiales et financières différentes, mais avec les mêmes objectifs : réussir, se dépasser, s’évader. Cette fiction à l’aspect documentaire est touchante de différentes manières. D’une part, par une esthétique de film singulière et symbolique, avec ces vastes paysages cambodgiens, tout en étant visuellement poétique et artistique. D’autre part, par cette jeunesse qui tente de s’élever dans une société traditionnelle qui perdure alors que le pays se développe à une vitesse folle par sa technologie, son économie grandissante à travers casinos, hôtels de luxe, biens immobiliers, … Ces passages, ces fragments de vie, font écho et caisse de résonnance à toute une population, toute une jeunesse qui cherche à avancer, à évoluer dans un pays où ils ne sont pas prioritaires et encore moins privilégiés. Jessé Miceli a réussi à nous faire partir à la découverte d’un pays aux multiples paysages, en pleine émergence, tout en nous montrant l’envers du décor ainsi que ses failles sociales.
Le petit commentaire d’Ambre :
Par un esthétisme qui vacille entre réalisme documentaire et envolées lyriques sur fond de musique traditionnelle, Jessé Miceli nous donne à voir le Cambodge dans toute sa pluralité. Partagés par leurs forts rapports à leur culture et leurs désirs de prospérité animés les sirènes du capitalisme, qui s’immiscent jusque dans les plus petites campagnes, ces trois jeunes hommes nous emportent dans un entremêlement qui, à bien des égards, les dépassent. Les affluents est une très belle fiction entre hommage et appréhension pour un Cambodge contemporain traité ici comme un personnage à part entière.
Les Affluents, Jessé Miceli : un extrait juste ici et ici

Danse sur une corde tendue
Il est toujours difficile de parler de la folie. C’est un terme qui divise notre société et qui gêne. Mais qu’est-ce que la folie ? Qu’est-ce qui nous décrit comme individu stable ou à la limite de celle-ci ? Comment sait-on que l’on a franchi cette barrière ? Nous n’avons pas forcément les réponses, pourtant Ilan Klipper, en parle avec poésie et légèreté dans Funambules à travers Aube, Yoan et Marcus. C’est comme si tout était plus facile pour eux devant une caméra. Aube a l’impression de jouer un personnage, elle décide à l’aide d’un stylo en guise de micro d’être une présentatrice télé tandis que Yoan préfère raconter sa vie et sa maladie en rappant. Les vies de ces personnages ne se lient pas, pourtant elles se croisent à travers leurs propos, à travers leurs intimités. On se perd dans ce film, on navigue entre fascination et émotion à travers les histoires, les mots, les discussions de ces individus. Des éclats de vie qui apparaissent par petit bout comme s’il fallait constituer ou même reconstituer un puzzle. Plus le film avance et plus on se sent proche de ces personnes. En fait, on se laisse carrément prendre émotionnellement, on s’attache à eux le temps d’une heure quinze, c’est beau et c’est bien.
Funambules, Ilan Klipper : un extrait juste ici et ici

Article rédigé par Lucile