A la manière du questionnaire de Proust, L’envolée Culturelle vous propose de découvrir le portrait de Jean-Rémi Chaize, comédien. On sait grâce à ce jeu à la mode au XIXième siècle que la couleur préférée de Marx était le rouge ; que le fils de la Reine Victoria ne connaissait pas d’héroïne de fiction ; que Marcel Proust était fan de Cléopâtre et de Léonard de Vinci ; que Jane Birkin détestait l’indifférence ; et que la plus grande peur de David Bowie était de convertir les kilomètres en miles. Alors voici la version 2.0 du confession book pour aller à la rencontre des artistes d’aujourd’hui. (Bannière : Jean-Rémi Chaize © Photo Patrick Roy)
Jean-Rémi inspiré
● Ton film (ou ta série) préféré ?
Je ne regarde pas trop de séries. Et des films, il y en a énormément… Mais je dirai Shining, de Stanley Kubrick.
● Le livre qui t’inspire ?
Dans mon métier d’acteur, il y a un livre de chevet, c’est Du luxe et de l’impuissance, de Jean-Luc Lagarce, aux Editions des Solitaires Intempestifs.
● Ta musique éternelle ?
Je ne sais pas… j’écoute beaucoup de choses différentes : c’est difficile de choisir ! Aujourd’hui, par exemple, j’ai écouté le dernier album d’Agnes Obel, Myopia.
● Si tu pouvais voyager dans le temps, avec qui voudrais-tu partager un moment ?
Avec ma grand-mère paternelle qui est morte quand j’avais quatre ou cinq ans, j’ai peu de souvenirs avec elle.
● Quelle oeuvre d’art aurais-tu aimé avoir créée ?
L’urinoir, de Marcel Duchamp.

Jean-Rémi au travail
● Quel est le tout premier métier que tu as voulu faire ?
C’est très étonnant : curé ! J’avais un chat et je le baptisais dans la cabane du jardin. Avec ma cousine, on faisait des messes avec un bonnet de bain sur la tête, parce que je pensais que les curés étaient chauves. En tout cas, le rapport que j’ai avec ça aujourd’hui est très marrant.
● Marcel Proust est à la recherche du temps perdu. Toi, en tant qu’artiste, tu es à la recherche de quoi ?
De la reconnaissance, sans doute. Pas du succès, mais de la reconnaissance, de l’amour en fait. Dans la vie, on recherche tous d’une manière ou d’une autre l’amour et encore plus dans ce métier-là.
● Tes conditions de travail : matin, après-midi, soir ? Canapé, café, bibliothèque, atelier ? En silence, en musique, entouré, seul, après une bonne nuit de sommeil, avant un repas chaud ?
Après midi et soir – je ne suis pas du tout matinal – sur un grand plateau pour travailler le mieux possible, avec des gens intelligents et intéressants.
● Quel est ton état d’esprit actuel, le projet sur lequel tu travailles ?
Je travaille sur mon deuxième seul-en-scène, je suis en plein rodage. Je me remets beaucoup en fragilité, en danger, ce que j’avais un peu oublié avec le premier seul-en-scène On n’est pas des chiens que j’ai beaucoup tourné et que je tourne encore. J’avais oublié cette sensation excitante et bourrée de peurs. Tout est très mouvant. En ce moment, ce qui revient c’est l’insécurité, mais l’insécurité productive.

Le regard de Jean-Rémi
● La qualité que tu admires le plus chez un artiste ?
La générosité.
● Et le défaut que tu détestes par dessus tout ?
Le contraire. C’est-à-dire, quand on ne se pose pas la question de la réception, qu’on joue dans un entre-soi, que le metteur en scène fantasme sans se demander ce qui se passe pour le public.
● Ton héros ou ton héroïne dans la vie réelle ?
J’en ai beaucoup. Mes amis, ou des gens de ma famille : des gens pour qui j’ai de l’affection et de l’admiration pour ce qu’ils sont en tant qu’êtres humains, des êtres humains faillibles.
● Ta devise, ton mot d’ordre, ta phrase directrice ?
« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière » de Michel Audiard.
● Et sinon, tu es plutôt Marcel Proust, Marcel Pagnol, Marcel Cerdan, Marcelle Tassencourt, Marcel Carné, Marcel Azzola, Marcel Duchamp, Marcelle Ranson-Hervé, Marcel Aymé ou Marcel Sans-Manche ?
J’ai lu Proust, il y a très longtemps. Et un ami l’a relu il y a peu, il m’a donné envie de le relire à mon âge, et je pense que c’est important. J’aimerais me remettre à le lire, maintenant il faut le faire !
Mettez de la joie dans votre printemps en retrouvant Jean-Rémi Chaize du 10 au 14 mars à la Comédie Odéon , dans On n’est pas des chiens, son premier seul-en-scène plein d’humour noir et et de tendresse, de verbe mordant et tordant. Et comme les bons plats nous mettent toujours en appétit, vous pourrez découvrir son nouveau spectacle au Complexe du rire du 27 mai au 13 juin. N’hésitez pas à réserver parce que ça promet !
Interview réalisée par Elisabeth Coumel.