Connaissez-vous vraiment l’origine de votre prénom ? A travers ce texte écrit et mis en scène par Bertille Garraud, la compagnie Tadaaam explore les questionnements que permet le prénom autour de la définition de soi et de l’autre. (Bannière : © Compagnie Tadaaam)

En-quête de réponses
C’est dans un décor épuré que l’on retrouve nos quatre personnages qui semblent avoir pour seul point commun des prénoms atypiques. Ainsi Sodade, Pomme, Charles et Stéphane s’avancent tour à tour dans la lumière pour se présenter aux spectateur.ice.s, via ces prénoms qui définissent sans aucun doute une part de leur identité. C’est d’ailleurs cette quête d’identité qui rassemble finalement les quatre protagonistes. Sodade, apprenant à 40 ans qu’il est en fait adopté, part à la recherche de réponses sur ses véritables origines jusqu’à remonter la piste d’un drame passé. Drame auquel est mystérieusement lié Charles, lui aussi en quête de réponses. Accompagnés de figures féminines fortes, elles aussi en proie à des questionnements identitaires, ces binômes finissent par se retrouver en un même lieu où toute l’intrigue de la pièce prend sens. Plus que de simples vies liées par cet évènement, c’est une indéniable thérapie sur l’acceptation de soi qui s’offre à nos yeux. Un côté curatif notamment permis par l’entraide que chacun.e puise dans les autres. C’est donc sur un fond de tragédie que se joue le véritable sujet de la pièce : la découverte de son moi profond grâce à l’acceptation d’un prénom qui n’est que le reflet de qui l’on veut être.

Appelez-moi [Sodade/Pomme/Charles/Stéphane/…]
Cette quête identitaire portée à travers quatre récits personnels mais aussi communs est finalement le matériau idéal pour l’autrice/metteuse en scène afin de réunir un public hétéroclite. Des adultes aguerri.e.s aux quelques enfants présent.e.s ce soir-là, le sentiment d’appartenance est total. Voilà un sujet qui a touché, qui touche et qui touchera sans doute tout le monde par son caractère universel.
Une relation intimiste avec le public rendue possible à n’en pas douter par l’espace confiné de la salle du théâtre Métro Ateliers. Sa scène non-surélevée participe de cet effet de réel et d’identification qui aurait certainement été un peu perdu sur une scène plus traditionnelle. On apprécie également l’attention portée aux jeux de lumières qui permettent une meilleure compréhension des flash-backs par exemple, mais qui donnent aussi ce côté brut et sans artifice que l’on ressent dans cette pièce contemporaine. De plus, faire le choix scénographique de montrer les aspects techniques de la pièce comme les changements de décors et de costumes est très intéressant. Il permet en partie de replacer métaphoriquement les personnages comme les acteur.ice.s de leur propre vie, et pas seulement défini.e.s par leur prénom.
Voici assurément une pièce qui saura conquérir un grand nombre de spectateur.ice.s et, qui sait, poussera certain.e.s à mener des investigations ou tout du moins une réflexion sur leur prénom.
Le petit + de la rédac’ : une mention toute particulière pour l’utilisation des musiques associées à chacun des noms des personnages.
Article rédigé par Tess Guillot.