Consécration de la Compagnie Hallet Eghayan !

« La vie, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Voilà la citation qui pourrait résumer notre rencontre avec la Compagnie Hallet Eghayan ! Assistant au filage de Hourra !, célébration de la vie, de la danse et du corps en musique, nous saluons notre bonne étoile. Nous tenons à remercier sincèrement la Compagnie parce que nous avons le sourire. Et, à notre tour, nous voulons vous le délivrer. La Compagnie Hallet Eghayan est un lieu de danse, de création, d’accueil, de formations, de cours, de stages, de compositions vivantes, d’éducation artistique, de rencontres, de discussions entre art et science… Une boîte de chocolats inestimable. Trois spectacles nous attendent : Hourra !, Vera et Un rameau sortira. Vivre l’innommable ? Expérimenter ? Éprouver ? Dégeler le cœur ? « Ces feuilles ne seront qu’un informe journal de mes rêveries. » (Bannière : Hourra ! © Photo Henriette Ponchon de Saint André)

Longue vie à la danse ! 

Hourra ! est un hymne à la joie en 7 tableaux, 7 danseurs et 8 musiques saluant les quarante ans de la compagnie. La première de la tournée 2019 est le 16 novembre. Vous ne pouvez vous empêcher de sourire béatement. Hourra ! dégage grâce et légèreté. Les mots sont faibles. Il faudrait que chacun puisse s’asseoir pour le ressentir, le saisir et le communiquer parce que tant que la vie est, il faut en faire des éloges, lui souhaiter renouveau, enfin, passer un pacte avec elle, honorer une fraternité et un amour inconditionnel cristallisé par la danse enchevêtrant le profane et le sacré, l’Orient et l’Occident, la magnanimité et la petitesse du monde quotidien, vivier des bijoux. Vera – Ce que nous ne voyons pas est une création 2019 de Charlotte Philippe, Gabriel Perez et la Compagnie Hallet Eghayan. Saluez féminité, science, art, danse et théâtre pour jouer avec toutes les cordes et toutes les palettes ! Un rameau sortira est une invitation à suivre les chemins du saint anachorète Antoine dans une épopée sublime : récits hagiographiques, connaissances des Antonins, spiritualité mêlant danse et synesthésie pour la guérison du corps et de l’esprit. 

Charlotte Philippe et Samuel Hubert dans Hourra ! © Photo Yann Deva

Dire et écrire l’indicible : Hourra ! 

« Il y a un moment merveilleux. » dit Michel Hallet Eghayan, chorégraphe, fondateur de sa compagnie et de l’École de formation professionnelle, à l’un des danseurs du filage de Hourra !. Ce moment résonne en nous et nous sommes la corde pincée sur laquelle jouent et rejouent, passent et repassent ces bonds et rebonds, car l’art, « c’est une rencontre de quelque chose, de quelqu’un. » Le clapotis de la pluie, le tonnerre, les basses, les percussions, claps claps, human beat box, piano, percussions, claquettes, s’élancer, faire des pointes, variations, solitude, union, tata tata, rythme, tempo, ralentir, accélérer, décomposer le mouvement, arrêt, compter, célébrer, partager, jubiler, afficher un sourire, couper le souffle, le retenir. Ce sont toutes des images. Des instants que le regard attrape au vol — ce sont des morceaux de papier, des notes noires et blanches sur une partition, des membres en mouvement, la grâce, des fugitifs furtifs qui défilent derrière les paupières closes, derrière le masque que l’on nomme visage. Nous ne savons plus si les sons et la musique de Tigran Hamasyan, de Madjid Khaladji, de Fabrice Jünger et de Samuel Hubert, sont des corps ou si les corps sont devenus musique. Quand tout s’arrête, nous prenons conscience que nous étions en transe. Absorbée. Michel Hallet Eghayan nous dit que nous étions ce regard. Ce regard parce que nous décomposions les corps, les gestes, les mouvements. Nous étions pris dans la transe. Pris au jeu. Nous étions, à ce moment-là, un regard qui faisait corps dans ce qu’il regardait. 

Hourra ! © Yann Deva

Applaudir en chœur

Sept danseurs (Charlotte Philippe, Samuel Hubert, Margot Bain, Anne-Sophie Seguin, Justine Tourillon, Antoine Audras et Frank Sammartano), foules de rythmes, métamorphoses, compositions vivantes de Michel Hallet Eghayan pour l’argument suivant : « La pensée, c’est ce qui se partage, alors il ne nous reste plus qu’à hurler notre joie… Hourra ! ». Et, au fil du filage comme au fil de la plume, nous ne pouvons retirer ce large sourire et, lâcher notre souffle chaud réconforté par un hourra, sursum corda, ce cri d’amour infini perçant les airs et nous précipitant dans le firmament esthétique. Lorsque nous pensons à ce filage qui nous semble teinté de mystère, car, pour nous, voir ces corps acrobatiques en chair et en os est un enchantement. On se sent devenir minuscule et enfant sur notre chaise. Notre souffle semble s’évader d’entre nos lèvres pour se mêler aux respirations essoufflées des danseurs. Concert de souffles vitaux et de respirations s’élevant dans la salle pour ne faire qu’un dans la diversité. Le second tableau « Un ciel de jour, un ciel de nuit » nous marque. Tout commence par un applaudissement. Le danseur nous regarde. On sent ce regard qui nous encouragerait presque à applaudir. On balance le pied docilement en suivant le rythme des mains puis les pieds à l’unisson. Cette bonhomie, cette énergie sature l’air. Pas une bouffée. Un bain de liberté. Nous empêchons nos mains d’applaudir parce qu’à ce moment, nous avons envie de les accompagner, ces membres, ces êtres humains qui ne peignent qu’un seul et unique corps dans ce clap clap dynamique. Nous nous sentons entièrement complice, en connivence avec eux parce que nous les suivons du regard, des mains, des pieds, dans la pensée. Notre regard scrute les mouvements. Il se pose comme une luciole attirée par une lanterne. Aucun distinguo entre la musique et les corps. Courses et apparitions fulgurantes surgissent comme des étoiles filantes. Toujours cette même impulsion qui attise des frissons et des sensations confuses, des papillonnements. Deuxième image : virevolter sous la pluie avec un parapluie.  Nous étions arrivés sous la pluie, une pluie habitée d’un marasme et d’un désespoir sans gouffre. Nous sourions à nouveau alors que les pieds claquent sous la pluie qui tombe comme une poudreuse. Nous ne verrons plus jamais la pluie de la même manière car elle nous a enfin purifiée du lugubre. Elle est aérienne, légère, douceur comme les plumes du martinet enfantin de René Char. Quand nous fermons les yeux, les jambes sautillent, un petit pansement passe, les collants sombres bondissent, les chevilles se meuvent, les corps se dressent, les bras se jettent en arrière en une immense jubilation extatique. Et le parapluie couve un baiser.  

Charlotte Philippe dans Hourra ! © Yann Deva

Qu’un informe journal de mes rêveries

La vraie magie de la danse : commencer par une invitation au regard. La spécificité selon une novice à l’œil neuf : cette impression de légèreté, de facilité alors qu’en vérité, c’est un enchevêtrement de difficultés, de travail, d’exercices et d’interprétations. Ne serait-ce pas ce qui fait tout son charme ? Cette incantation des corps, des mots, des notes, cette illusion enfin de la simplicité au profit de l’acuité et de la liberté ? Nous faire croire en la grâce et l’incarner dans des corps de danseurs pour mieux la partager ? Ces feuilles ne seront que des traces d’encre qui marqueront un ravissement sans nom avec des mots bien plats. On nous a ravi en des contrées inconnues que nous foulerons encore dans les méandres de la mémoire et devant les créations de la compagnie. Or, cet informe journal de mes rêveries souhaite vous délivrer ce hourra cordial. Carmen

La Compagnie Hallet-Eghayan en tournée : 

Hourra ! 16 novembre, 23 novembre, 13 décembre, 21 janvier, 13 mars, 4 avril, 6-10 avril, 10 juin, 10 juillet. 

Vera : 6 février, 8 mars, 30 avril, 10 juin

Un rameau sortira : reporté en 2021.


Les soirées « rencontres » : La danse, une façon de penser

« La transgression éthique » : 9 décembre à 20h.

« Les Routes de la soie » : 15 mai à 20h.

Retrouvez plus d’informations sur la Compagnie et plus de rencontres ici.

Article rédigé par Pauline Khalifa – Lika.

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